
Face à l'urgence climatique et environnementale, la communauté internationale se mobilise depuis plusieurs décennies à travers divers sommets et conférences. Ces rencontres au plus haut niveau visent à définir des objectifs communs et des plans d'action concrets pour préserver notre planète. De Rio à Paris en passant par Kyoto, l'engagement mondial pour l'écologie n'a cessé de s'intensifier, malgré les défis persistants. Examinons l'évolution de ces sommets cruciaux et leur impact sur les politiques environnementales globales.
Évolution des COP : de rio 1992 à la COP28 de dubaï
Le Sommet de la Terre de Rio en 1992 marque un tournant dans la prise de conscience environnementale internationale. Cette conférence pose les bases de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui donnera naissance aux Conférences des Parties (COP) annuelles. Depuis lors, les COP sont devenues le rendez-vous incontournable de la diplomatie climatique mondiale.
Au fil des années, les COP ont connu des succès et des échecs. Le Protocole de Kyoto, adopté en 1997, a été le premier accord contraignant visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cependant, l'absence de ratification par certains pays majeurs comme les États-Unis a limité son impact. La COP15 à Copenhague en 2009 a été considérée comme un échec, ne parvenant pas à établir un accord global ambitieux.
La COP21 à Paris en 2015 marque un tournant historique avec l'adoption de l'Accord de Paris. Ce traité engage pour la première fois l'ensemble des pays dans la lutte contre le changement climatique. Les COP suivantes ont permis d'affiner les modalités de mise en œuvre de cet accord, avec des avancées notables sur le financement climatique et la transparence des engagements nationaux.
La récente COP26 à Glasgow en 2021 a mis l'accent sur l'urgence d'agir, avec un appel à accélérer la sortie du charbon et à réduire les subventions aux énergies fossiles. La COP27 à Sharm el-Sheikh en 2022 a vu l'adoption d'un fonds pour les "pertes et dommages" destiné aux pays les plus vulnérables, une avancée majeure longtemps réclamée.
La COP28 à Dubaï en 2023 s'annonce comme un moment crucial pour évaluer les progrès réalisés et renforcer les ambitions climatiques mondiales. L'enjeu sera de concrétiser les engagements pris et d'accélérer la transition vers une économie bas-carbone, tout en assurant une justice climatique pour les pays en développement.
Accords de paris 2015 : cadre global pour l'action climatique
L'Accord de Paris, adopté lors de la COP21 en 2015, constitue une pierre angulaire de la lutte internationale contre le changement climatique. Ce traité historique engage 196 pays dans un effort collectif pour limiter le réchauffement climatique et s'adapter à ses impacts. Examinons les principaux piliers de cet accord fondamental.
Objectif de limitation du réchauffement à 1,5°C
L'ambition centrale de l'Accord de Paris est de contenir l'élévation de la température moyenne de la planète "nettement en dessous de 2°C" par rapport aux niveaux préindustriels, et de poursuivre les efforts pour limiter cette hausse à 1,5°C. Cet objectif, basé sur les recommandations scientifiques du GIEC, vise à réduire significativement les risques et les impacts du changement climatique.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, l'accord prévoit d'atteindre la neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle. Cela implique une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et un renforcement des puits de carbone naturels et artificiels.
Contributions déterminées au niveau national (CDN)
L'Accord de Paris repose sur un système de contributions volontaires des États, appelées Contributions Déterminées au niveau National (CDN). Chaque pays s'engage à définir, planifier et communiquer régulièrement ses actions pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et s'adapter au changement climatique.
Les CDN doivent être ambitieuses, progressives et refléter les "responsabilités communes mais différenciées" des pays, en fonction de leurs capacités respectives. Ce système flexible permet de prendre en compte les spécificités nationales tout en encourageant une action collective.
Mécanisme de révision quinquennale des engagements
Un des aspects innovants de l'Accord de Paris est son mécanisme de révision régulière des engagements. Tous les cinq ans, les pays sont tenus de soumettre de nouvelles CDN, plus ambitieuses que les précédentes. Ce processus itératif vise à renforcer progressivement l'action climatique mondiale pour atteindre les objectifs à long terme.
Le "bilan mondial" est un élément clé de ce mécanisme. Il évalue collectivement les progrès réalisés et identifie les opportunités pour renforcer l'ambition. Le premier bilan mondial aura lieu en 2023, et ses résultats devront informer la prochaine série de CDN.
Fonds vert pour le climat : financement des pays en développement
L'Accord de Paris réaffirme l'engagement des pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour soutenir les actions climatiques dans les pays en développement. Le Fonds vert pour le climat, créé en 2010, est un instrument clé pour atteindre cet objectif.
Ce fonds vise à financer des projets d'atténuation et d'adaptation dans les pays les plus vulnérables. Il encourage également le transfert de technologies et le renforcement des capacités. L'accord prévoit de revoir à la hausse cet objectif de financement d'ici 2025, reconnaissant les besoins croissants des pays en développement face au défi climatique.
L'Accord de Paris représente un pas décisif vers une action climatique globale et coordonnée. Son succès dépendra de la mise en œuvre effective des engagements pris et de l'augmentation continue de l'ambition collective.
Sommet de la terre à stockholm+50 : bilan et perspectives
Le Sommet de la Terre Stockholm+50, qui s'est tenu en juin 2022, marque le 50e anniversaire de la première Conférence des Nations Unies sur l'environnement humain de 1972. Cette rencontre a été l'occasion de dresser un bilan des progrès réalisés en matière de protection de l'environnement et de définir de nouvelles perspectives pour l'action mondiale.
Le sommet a réaffirmé l'urgence d'agir face à la triple crise planétaire : changement climatique, perte de biodiversité et pollution. Il a souligné la nécessité d'une approche systémique et intégrée pour relever ces défis interconnectés. Les discussions ont mis en lumière l'importance de repenser notre relation avec la nature et de transformer nos modèles économiques pour les rendre plus durables.
Un des points forts de Stockholm+50 a été l'accent mis sur la justice environnementale et l'inclusion des populations vulnérables dans la prise de décision. Le sommet a appelé à une transition juste vers des économies vertes, qui prenne en compte les besoins des travailleurs et des communautés impactées par les changements structurels.
Le sommet a également insisté sur l'importance de mobiliser des financements adéquats pour soutenir l'action environnementale, en particulier dans les pays en développement. Il a appelé à aligner les flux financiers sur les objectifs de l'Accord de Paris et sur les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Stockholm+50 a lancé plusieurs initiatives concrètes, notamment pour accélérer la transition vers une économie circulaire, renforcer la protection des océans et promouvoir des solutions basées sur la nature. Ces actions visent à compléter et renforcer les engagements pris dans le cadre des autres processus internationaux comme les COP climat et biodiversité.
G20 et G7 : intégration des enjeux climatiques dans l'agenda économique
Les forums économiques internationaux comme le G20 et le G7 jouent un rôle croissant dans la gouvernance climatique mondiale. Ces instances, qui regroupent les principales économies de la planète, ont progressivement intégré les enjeux environnementaux dans leurs discussions, reconnaissant l'impact majeur du changement climatique sur la stabilité économique et financière globale.
Engagements du G20 bali 2022 sur la transition énergétique
Le sommet du G20 à Bali en 2022 a marqué une avancée significative dans l'engagement des grandes économies en faveur de la transition énergétique. Les pays membres ont réaffirmé leur volonté d'accélérer les efforts pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, reconnaissant l'urgence d'agir face à la crise climatique.
Parmi les engagements notables, on peut citer :
- L'accélération de la sortie progressive du charbon et des subventions aux énergies fossiles inefficaces
- Le soutien au développement et au déploiement des énergies renouvelables
- L'engagement à tripler les investissements dans les technologies propres d'ici 2030
- La promotion de l'efficacité énergétique dans tous les secteurs de l'économie
Ces engagements, bien que non contraignants, envoient un signal fort au marché et aux investisseurs sur la direction que prennent les grandes économies mondiales.
Déclarations du G7 hiroshima 2023 sur la neutralité carbone
Le sommet du G7 à Hiroshima en 2023 a réaffirmé l'ambition des pays membres d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Les leaders ont souligné l'importance d'une action climatique renforcée pour maintenir l'objectif de 1,5°C à portée, conformément aux dernières recommandations scientifiques du GIEC.
Le G7 a notamment appelé à :
- Accélérer la décarbonation du secteur énergétique, avec un objectif de systèmes électriques largement ou complètement décarbonés d'ici 2035
- Renforcer les politiques d'adaptation et de résilience face aux impacts du changement climatique
- Mobiliser des financements publics et privés pour soutenir la transition des pays en développement
- Promouvoir l'innovation technologique pour les solutions bas-carbone
Ces déclarations renforcent le rôle de leadership du G7 dans l'action climatique internationale, tout en reconnaissant la nécessité d'une coopération élargie avec les économies émergentes.
Initiatives conjointes pour la finance verte et durable
Le G20 et le G7 ont lancé plusieurs initiatives conjointes pour promouvoir la finance verte et durable, reconnaissant le rôle crucial du secteur financier dans la transition écologique. Ces efforts visent à aligner les flux financiers sur les objectifs climatiques et à intégrer les risques climatiques dans les décisions d'investissement.
Parmi les initiatives notables, on peut citer :
- Le Groupe de travail sur la finance durable du G20, qui développe des recommandations pour améliorer la comparabilité et l'interopérabilité des approches de la finance durable
- L'engagement du G7 à rendre obligatoire la publication d'informations financières liées au climat, conformément aux recommandations de la TCFD
- Le soutien à l'élaboration de taxonomies vertes harmonisées au niveau international
Ces initiatives contribuent à créer un cadre global pour la finance durable, facilitant la réorientation des capitaux vers des investissements compatibles avec les objectifs climatiques.
One planet summit : mobilisation du secteur privé et financier
Le One Planet Summit, initiative lancée par la France en 2017, vise à mobiliser le secteur privé et financier dans la lutte contre le changement climatique. Ces sommets, organisés régulièrement, réunissent des chefs d'État, des dirigeants d'entreprises et des acteurs de la finance pour accélérer la transition vers une économie bas-carbone.
L'objectif principal du One Planet Summit est de catalyser des engagements concrets du secteur privé en complément des actions gouvernementales. Ces sommets ont permis de lancer plusieurs initiatives importantes, notamment :
- La Coalition pour le climat et l'air pur, visant à réduire les émissions de polluants climatiques à courte durée de vie
- L'Alliance pour la préservation des forêts tropicales, mobilisant des financements publics et privés pour la protection des écosystèmes forestiers
- La Task Force on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), encourageant la prise en compte des risques liés à la biodiversité dans les décisions financières
Le One Planet Summit a également joué un rôle crucial dans la promotion de la finance verte . Il a encouragé le développement des obligations vertes, des prêts liés à la durabilité et d'autres instruments financiers innovants pour soutenir la transition écologique.
La mobilisation du secteur privé et financier est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Le One Planet Summit contribue à créer une dynamique positive en faveur d'investissements durables et responsables.
Conférence de montréal sur la biodiversité (COP15) : lien entre climat et écosystèmes
La 15e Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique, tenue à Montré
al en 2022, a marqué un tournant dans la reconnaissance du lien intrinsèque entre le changement climatique et la perte de biodiversité. Cette conférence a souligné l'importance d'une approche intégrée pour faire face à ces deux crises environnementales majeures.Objectif "30x30" : protection de 30% des terres et océans d'ici 2030
L'un des engagements phares de la COP15 est l'objectif ambitieux de protéger 30% des terres et des océans de la planète d'ici 2030, connu sous le nom de "30x30". Cette initiative vise à enrayer le déclin de la biodiversité et à renforcer la résilience des écosystèmes face au changement climatique.
Pour atteindre cet objectif, les pays signataires s'engagent à :
- Étendre les aires protégées terrestres et marines
- Restaurer les écosystèmes dégradés
- Promouvoir une gestion durable des ressources naturelles
- Impliquer les communautés locales et autochtones dans la conservation
Cet objectif ambitieux souligne l'importance de préserver les habitats naturels non seulement pour la biodiversité, mais aussi comme puits de carbone essentiels dans la lutte contre le changement climatique.
Cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020
La COP15 a adopté le Cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020, un plan stratégique visant à guider l'action mondiale en faveur de la biodiversité jusqu'en 2030. Ce cadre définit 23 objectifs et 4 buts à long terme pour enrayer et inverser la perte de biodiversité.
Parmi les points clés de ce cadre, on peut citer :
- La réduction de moitié du rythme d'introduction des espèces exotiques envahissantes
- La diminution de l'empreinte écologique de la production et de la consommation
- L'intégration des valeurs de la biodiversité dans les politiques et la planification
- Le renforcement des capacités et du transfert de technologies pour les pays en développement
Ce cadre reconnaît explicitement le rôle crucial de la biodiversité dans l'atténuation et l'adaptation au changement climatique, soulignant la nécessité d'une approche coordonnée entre les conventions sur le climat et la biodiversité.
Financement de la conservation et restauration des écosystèmes
La COP15 a mis l'accent sur l'importance cruciale du financement pour atteindre les objectifs de conservation et de restauration des écosystèmes. Les pays développés se sont engagés à mobiliser au moins 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, et 30 milliards par an d'ici 2030, pour soutenir les actions en faveur de la biodiversité dans les pays en développement.
Ces financements visent à soutenir diverses initiatives, notamment :
- La création et la gestion d'aires protégées
- La restauration des écosystèmes dégradés
- Le développement de pratiques agricoles durables
- Le renforcement des capacités locales en matière de conservation
La conférence a également souligné l'importance de mobiliser des ressources du secteur privé et d'aligner les flux financiers sur les objectifs de biodiversité, en encourageant les investissements dans des solutions basées sur la nature.
La COP15 de Montréal marque un tournant dans la reconnaissance du lien indissociable entre biodiversité et climat. Elle pose les bases d'une action coordonnée et ambitieuse pour protéger notre patrimoine naturel et renforcer la résilience face au changement climatique.